Souder en toute sécurité : les risques et normes

 

 

 

 

    A première vue on pourrait croire que la dangerosité de la soudure se situe uniquement dans les étincelles que celle-ci produit. Mais la soudure est une activité qui mélange de nombreux facteurs de risque en une seule et même activité.

Gaz chimique et inflammable, électricité, fusion d’acier, chaleur haute température, etc. Il est plus que nécessaire de connaître les risques et les dangers à prendre en compte avant de commencer à souder.

 

    Si la connaissance des risques est essentielle dans toutes les activités, la connaissance des normes qui l’entoure l’est également. Plus qu’un simple passe temps, la soudure est avant tout un métier et c’est pour cela que les différents fabricants de matériel de soudage s'assurent que leurs produits répondent à des exigences très précises. Il existe une grande diversité de normes, et il est bon d’en connaitre quelques-unes afin de vous assurer de la fiabilité du matériel que vous achetez.

 

    Voici donc ce que nous allons vous présenter aujourd’hui au travers de cet article :

 

  1. Les risques et dangers de la soudure
  2. Les différentes normes de qualité




Les risques et dangers de la soudure


    Lorsque vous soudez vous vous exposez à quatre dangers majeurs pour votre santé. Certains sont immédiats et d’autres ne peuvent faire ressentir leurs effets que plusieurs années après.

 

Les risques chimiques 

 

    De quoi parle-t-on ?

Les hautes températures atteintes par les tôles et votre métal d’apport génèrent des fumées toutes potentiellement nocives en quantité plus ou moins importante selon votre procédé de soudage. Ces fumées sont généralement composées d’air chaud, de gaz toxiques mais également des poussières de dimensions inférieures au micron. Extrêmement légères et volatiles, ces poussières atteignent facilement les régions alvéolaires des poumons et causent alors des dégâts graves et irréversibles. Les fumées de soudage sont très souvent responsables de pathologies aigües ou chroniques.

 

    Voici un tableau récapitulant les différents impacts sur la santé en fonction des fumées inhalées :

 

 

Fumées


Impact sur la santé

Chrome VI

Nickel

L’aldéhyde formique

Le cobalt

Le béryllium

 

 

 

Potentiellement cancérigènes

L’ozone

Le dioxyde d’azote

L’aldéhyde formique

Le phosgène

 

 

 

Irritantes

Le monoxyde de carbone

Le monoxyde d’azote

Le cyanure d’hydrogène

 

 

Toxiques

L’aluminium

La silice amorphe

Le titane

Le fer

L’étain 

 

 

 

Surcharge pulmonaire

L’aluminium

L’antimoine

Le baryum

Le béryllium

Le chrome

Le cuivre

Les fluorures

Le magnésium

Le manganèse

Le molybdène

Le nickel

Le plomb

Le titane

Le vanadium

Le zinc

Le zirconium 

 

 

 

 

 

 

Irritantes, toxiques ou allergisantes

Le cobalt

Le béryllium

Fibrose pulmonaire

   

 

    Rassurez-vous, ces risques pour la santé sont présents uniquement lorsque vous soudez dans des endroits clos et non aérés. Si vous envisagez de souder dans un espace ouvert ou avec des aérations importantes, vous prenez moins de risques même si vous devez faire attention.

 

  En revanche, lorsque vous soudez dans un espace clos ou confiné, il est impératif de vous munir d’un masque respiratoire de soudure. Il se présente sous la forme d’un masque automatique à écran LCD (si vous ne savez pas ce qu’est ou comment régler un masque automatique nous vous invitons à consulter notre autre article de blog « Comment régler son masque de soudure automatique ? ») et embarque également un système respiratoire qui se fixe à la ceinture du côté de votre dos. L’équipement respiratoire étant fixé derrière vous, vous êtes assuré de ne pas respirer les vapeurs émises par votre soudure.

Consultez nous si vous recherchez un masque de soudure avec système respiratoire : Nous pourrons vous proposer des solutions adaptées.

 

 

Les risques thermiques

 

    Plus évidents, les risques thermiques peuvent se manifester de manière différente puisque le principe même de la soudure repose sur la chaleur et la fusion à très haute température.

 

Les dangers thermiques se manifestent principalement via les projections de gouttelettes métalliques, le contact avec des pièces métalliques à très haute température ou encore les rayonnements ultraviolets. Si vous en êtes victime vous risquez une douloureuse brûlure cutanée et une belle cicatrice qui vous suivra plusieurs années.

 

    Souvent minimes, les risques thermiques peuvent parfois être bien plus graves et même désastreux allant jusqu’à provoquer un incendie ou encore une explosion. Flamme, gaz sous pression, arc électrique, projection d’étincelles ou encore poussière et vapeurs inflammables ne sont pas rares lorsque vous pratiquez régulièrement la soudure et c’est pour cela qu’il faut s’en méfier. Un atelier mal rangé ou trop peu nettoyé peut facilement devenir une source de danger lorsque vous soudez ou découpez des tôles. Poser un vêtement ou un chiffon au mauvais endroit et le voir s’enflammer est vite arrivé.

 

 

 

 

    Pour éviter les risques thermiques rien de tel qu’un bon coup de ménage régulièrement dans votre atelier et des vêtements de protection spécialement adaptés à votre procédé de soudure.

 

 

Les risques oculaires

 

    Vous n’êtes pas sans savoir que le principal danger de la soudure vient de la forte intensité lumineuse que celle-ci dégage. En effet lorsque vous créez un arc électrique, celui-ci dégage également des rayonnements ultraviolets et infrarouges ainsi que toutes sortes de radiations lumineuses néfastes pour les yeux et les organes vitaux.

 

Dans les conditions de tous les jours, nos yeux sont exposés à une infime quantité de radiations invisibles, le risque est donc faible même sans lunettes de soleil. Cependant, en soudure les protections sont plus qu’indispensables car sans elles vous risqueriez une atteinte grave de la rétine courremment appelée « coup d’arc », une brûlure de la cornée ou encore une cataracte prématurée. Une protection de mauvaise qualité quant à elle peut entraîner des risques sur le long terme.

 

 

   

Pour protéger vos yeux il est nécessaire de vous équiper d'un masque soudure avec des teintes de protection adaptées à votre procédé et votre intensité électrique (retrouvez notre tableau récapitulatif des teintes adaptées aux différents procédés et intensités sur notre article « Comment régler son masque de soudure automatique ? »).

 

 

Et les risques électriques ?

 

    Les risques électriques sont plus rares mais cependant à ne pas minimiser, d’autant plus que les conséquences sont souvent très graves et irréversibles. L’un des premiers dangers ne concerne qu’une infime partie des soudeurs car c’est celui des dysfonctionnements des implants actifs et stimulateurs cardiaques. En effet, se sont des appareils très sensibles : il est conseillé lorsque vous en portez un de ne manipuler aucun champ électromagnétique et donc la soudure n'est pas recommandée.

 

Autre danger ; les risques d'endommagement des appareils électriques environnants. Certaines soudures nécessitent de la haute fréquence, c'est pourquoi certains postes en sont équipés. Cela peut endommager des appareils sensibles si trop proches de la zone de soudure ou sur le même circuit électrique, mais le risque est faible. Cependant, dans certains endroits, l'utilisation de la haute fréquence est interdite par précaution.

 

    Les autres dangers électriques sont généralement dûs à du matériel défaillant, tel que : une gaine isolante abimée ou encore fil de terre endommagé. Lors de vos activités de soudage il est également fortement déconseillé de travailler dans un environnement humide ou encore sur des surfaces conductrices. Une électrocution à ampérage aussi élevé que celui utilisé pour souder vous causerait des brûlures irréversibles, une paralysie des membres ou encore de graves séquelles cardiaques. Pour éviter ces risques électriques la discipline est le maître mot.

 

 

 

 

 

 

 

    Afin d’éviter ces différents risques chimiques, thermiques, oculaires et électriques des solutions existent. Si vous êtes simple bricoleur ou que vous travaillez en extérieur, vous pouvez vous munir de masques, de vêtements anti-inflammables et isolants ainsi que de verres de protections teintés. Et si vous en avez les moyens et que vous devez souder en intérieur, l'aménagement d'une cabine de soudure avec système d'aeration automatique et des rideaux filtrans les UV est la meilleure solution, pour votre sécurité et celle de ceux qui se trouvent autour de vous. 

 

 

 

Les différentes normes de qualité


    Il existe une ribambelle de protections diverses et variées, cependant attention de ne pas vous laisser avoir par l’attractivité des prix car certaines de ces protections sont parfois de mauvaise qualité ou parfois même des contrefaçons qui ne vous protegeront pas suffisemment. Pour vous aider dans le choix de votre EPI et de votre poste à souder, voici quelques normes et ISO sur lesquelles vous appuyer afin d’être sûr de la qualité des équipements que vous allez acquérir.

 

Les masques et cagoules de protection

 

    Lors du choix de votre masque de soudure assurez vous que celui détient l’une des normes ci-dessous :

 

  • EN 175 : elle certifie les équipements de protection faciale pour le soudage. Elle répond à des critères très exigeants en matière de protection mécanique et physiologique.

 

  • EN 379 :  elle évalue la qualité des cristaux liquides d’un masque automatique selon quatre critères appelés « classe optique », vous les retrouverez sur le certificat de conformité Européenne de la cagoule :
 

                             - L’homogénéité de la teinte de soudage sur l’ensemble du champ de vision.
                             - La diffraction de la lumière au travers de la cellule.
                             - La transmission de la lumière.
                             - L’angle de dépendance, plus clair, sur le bord des 4 côtés du champ de vision.

 

    Les notes attribuées sont décroissantes et vont de 1 à 3. Une cagoule ayant une classification 1/1/1/1 sera donc très performante.

 

 

 

 

Les vitres de protections

 

   Bien qu’ils soient faits pour résister à des étincelles et à des fortes chaleurs les verres de protection restent très fragiles, il est donc important de les choisir en fonction de leurs propriétés de résistance. Elles sont évaluées selon trois lettres que vous retrouverez inscrites sur le verre lui-même :

 

  • Pas de symbole : solidité minimale 
  • : impact à faible énergie 
  • : impact à moyenne énergie 
  • : solidité renforcée
 

 

 

 

Les teintes

 

   Elles se retrouvent sur des verres de masques ou lunettes de soudeur, mais aussi sur les vitres de protection de machines ou d'espaces de soudure. Ces teintes aussi bénéficient de critères  très exigeants de qualité et de résistance. Voici les normes : 

 

  • EN 169 : Elle concerne les filtres pour le soudage (cagoules passives avec verre minéral). Elle certifie des exigences relatives au facteur de transmission et d’utilisation recommandé.
  • EN 166 : Cette norme concerne la qualité optique, la résistance aux risques courants, et risques mécaniques, mais également les résistances aux chocs/impacts des verres de protections en polycarbonate
 
 
   En plus des normes, il existe également des marques brevetées et déposées qui vous garantiront leur fiabilité et solidité : 
 
  • PROTANE® : marque française protégée qui propose des verres selon une échelle de teintes rigoureusement classées. Ces verres sont très résistants et fiables, pour preuve, les différentes normes internationales leur ont donné leur agrément (DIN, RFA, NF, BS679 EW, etc.). Les teintes PROTANE® sont systématiquement gravées « protane » en gage de qualité et d’authenticité.
    Attention aux copies de moins bonne qualité et dont les teintes indiquées ne sont pas forcément les bonnes, ce qui génère un risque à long terme pour vos yeux.
  • Golden PROTANE® : ils regroupent les mêmes caractéristiques que les verres protanes, mais sont équipés en plus un filtre miroité anti-chaleur certifié NF S77104 qui réfléchit la chaleur et garantit un confort pour les yeux du soudeur contre l’irritation et la fatigue.
 

 

 

 

 

Les postes à souder

 

    Un poste à souder étant composé de différents éléments (torches, porte-électrodes, connectiques, dévidoirs, etc.) il existe parfois une multitude de normes pour chacune de ces pièces. Nous ne citerons ici, que les plus répandues :

 

  • EN 60974-1 : elle établit les exigences de sécurité de fonctionnement et les performances des postes de découpe plasma et de soudage. Elle certifie les exigences d’isolement des circuits électriques, les facteurs de marche, la classe de protection (IP) ainsi que la tension à vide des appareils.

 

  • EN 60974-2 :  elle spécifie les exigences de fonctionnement et de sécurité des systèmes de refroidissement liquide des torches de soudages raccordés à une source de courant de soudages intégrés ou séparés.
 
  • EN 60974-7 : elle spécifie les exigences de sécurité des torches manuelles, guidées (mécaniquement), enroulées, motorisées, ou encore avec extraction de fumé. A noter que la norme ne s’applique pas aux porte-électrodes mais qu’aux torches.

 

  • EN 60974-3 :  elle établit des exigences de sécurité et des performances additionnelles des dispositifs d’amorçage et de stabilisation d’arc.

 

  • EN 60974-5 : elle spécifie les exigences mécaniques de sécurité et de dévidage des dévidoirs des postes de soudure.

 

  • EN 60974-10 : elle établit la capacité des postes de découpe plasma et de soudage à tolérer d’autres interférences extérieures et à ne pas délivrer de champs électromagnétiques pouvant interférer avec d’autres dispositifs électriques.

 

  • EN 60974-11 : elle spécifie les exigences de sécurité des porte-électrodes allant jusqu’à 10mm de diamètre. A noter qu’elle pas aux porte-électrodes pour le soudage sous l’eau.

 

  • EN 60974-12 : elle établit les exigences de performance et de sécurité des connectiques : câbles utilisés lors de soudages et de techniques connexes. Mais également conçus pour assurer les opérations de connexion et de déconnexion sans utilisation d’outils. A noter quelle ne s’applique pas aux dispositifs de connexion pour le soudage sous l’eau.

 

 

 

 

Les vêtements

 

    Les vêtements de soudure constituent une part importante de la protection des soudeurs. Ils doivent toujours être en coton ignifugé ou en textile inflammable et plus précisément répondre à ces quelques normes :

 

    ISO 11611 (anciennement EN 470) : Elle atteste que le vêtement peut être utilisé pour la soudure et quil protège le porteur contre : les contacts de courte durée avec une flamme, les petites projections de métal en fusion, la chaleur radiante émise par l’arc électrique et les chocs électriques en cas de contact de courte durée.

 

Elle est également évaluée selon deux classes :

  •  Classe 1 : risques faibles, faible chaleur radiante et peu de projections.
  • Classe 2 : risques plus importants, forte chaleur radiante et plus de projections.

Elle concerne : les tabliers, les vestes, les manchettes, les pantalons, les guêtres, les cagoules de protection en tissu.

 

 

    ISO 11612 : elle définit les méthodes d’essai et les exigences en matière de niveau de performance pour les vêtements contre la chaleur et les flammes. Les vêtements sont testés et notés selon quarte critères :

  • Résistance à la chaleur de convection : traduisez ici, le temps d’exposition du tissu à une flamme, nécessaire pour que la partie opposée du tissu connaisse une augmentation de chaleur de 24°C. Nous retrouvons donc trois niveaux de performance possibles : 

                                - B1 : temps d’exposition entre 4 et 10 secondes.
                                - B2 : temps d’exposition entre 10 et 20 secondes.
                                - B3 : temps d’exposition de plus de 20 secondes.

 

  •  Résistance à la chaleur radiante : consiste à mesurer le temps d’exposition d’un tissu à une flame avant que la température de celui-ci n'augmente de 24°C. Quatre notations sont possibles :

                                - C1 : temps d’exposition nécessaire entre 7 et 20 secondes.
                               - C2 : temps d’exposition nécessaire entre 20 et 50 secondes.
                               - C3 : temps d’exposition nécessaire entre 50 et 95 secondes.
                               - C4 : temps d’exposition nécessaire de plus de 95 secondes.

 
  •  Résistance contre les projections de métal en fusion. La notation D pour l’aluminium en fusion et E pour le fer en fusion. Les notations se basent sur le poids des projections des métaux.

                                - D1 : 100 à 200 grammes.
                                - D2 : 200 à 350 grammes.
                                - D3 : 350 grammes et plus.

 

                                 - E1 : 60 à 120 grammes.
                                 - E2 : 120 à 200 grammes.
                                 - E3 : 200 grammes et plus.

 

  • Et la résistance à la chaleur de contact :

                                - F1 : Entre 5 et 10 secondes.
                                - F2 : Entre 10 et 15 secondes.
                                - F3 : 15 secondes et plus.

 

 

 

 

    Pour connaître les indicateurs de protection des gants de soudure, nous vous invitons à consulter la norme EN 407 sur notre article de blog « Comment choisir ses gants de protection ? »

 

 

    Nos explications sont terminées, merci pour votre lecture. N’oubliez pas que la soudure reste une activité formidable et très créative mais qui peut cependant s’avérer dangereuse si l’on est mal protégé et renseigné.

 

   


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